Sky blue and black

 

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[Journal d'un déglingo
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[Sky blue and black] 

 

Sky blue and black

 

Qui je suis ? Vous êtes sûr que vous voulez le savoir ? L'histoire de ma vie n'est pas faites pour les âmes sensibles. Si quelqu'un a prétendu que c'était un gentil conte de fées, si quelqu'un vous a dit que je n'étais qu'un type moyen, ordinaire, qui ne s'en fait pas dans la vie, ce quelqu'un a menti. Mais je vous promet une chose ; mon histoire, comme toute histoire qui mérite d'être raconté, concerne une fille : la voisine idéale. Je suis tombé amoureux d'elle avant même de la connaître ; avant même de connaître son existence. "Comment ?!" me direz-vous ? Attendez, j'y viens ! Mais pas trop vite ! Pour ménager le suspense !

        Tout commença en sixième, cinquième, lorsque les mentalités pré-adolescentes évoluent ; où la découverte de l'autre laisse place aux premiers flirts. Tout commença lorsque les premiers émois amoureux apparaissent... les premières désillusions aussi. C'est lors de cette période que j'ai fait un voeu, une prière... la seule qui aie réellement compté. La seule a être réellement sincère ; venant du coeur. Cette prière la voici : j'ai souhaité que, lorsque je serais à un tournant de ma vie, je rencontre l'âme-soeur. Une fille que j'aime et qui m'aime en retour. Une fille avec laquelle il me serait facile de parler. J'ai toujours gardé ce voeu en mémoire, sans trop y croire. Seulement...

        Croyez-vous aux coïncidences ? Moi, je n'y croie pas totalement. S'il existe un hazard, que tout n'est pas "écrit", je suis persuadé que les coïncidences que nous envoie le destin sont des signes. Dans le même ordre d'idée, la même année j'ai eu mon bac, mon permis de conduire, deux symboles fort pour moi, et... j'ai rencontré "ma douce". Ce n'est peut-être qu'une coïncidence seulement... je ne veux pas y croire.

        Qui suis-je ? Juste un type ordinaire à qui il est arrivé quelquechose, ou plutôt quelqu'un, d'extraordinaire. Je vous le dis humblement : voici mon histoire...

 

 

In the calling out to one another...

 

        Nous sommes en mars. Nous sommes en mars, mais il pleut. Il pleut de cette petite pluie fine qui vous mouille sans vous tremper. J'attends à la porte de mon auto-école car c'est aujourd'hui que ce déroule mon examen au code. Je suis un peu stressé mais, après tout, si je le rate, cela ne feras que retarder l'échéance. Ce qui est assez drôle, c'est que la chanson "She's got a ticket to ride" passe en boucle dans mon esprit. J'attends là avec impatience ; avec anxiété de passer ce fameux examen, le premier d'une longue liste. Parceque dans les jours, les semaines et les mois à venir, tout va s'enchaîner. Je suis à un tournant de ma vie, je le sais... mais...

        J'ai à priori tout pour être heureux : des parents qui n'ont jamais levé la main sur moi, des amis sur lesquels je peux compter. Je n'ai jamais connu la faim ni la souffrance. Je n'ai pas connu l'horreur de la guerre ni la perte d'un être cher. Seulement... il me manque quelquechose... ou quelqu'un. Pas le temps de réfléchir, ni même de filer un dernier coup d'oeil au bouquin du code, que déjà arrive la voiture du moniteur censé nous accompagner. J'étais tellement ailleurs, perdu dans mes pensées que je n'avais pas vu les autres candidats arriver. Un regard furtif sur mes compagnons d'aventure, l'air dubitatif ; je n'en avais vu aucun jusqu'à présent. Je m'installe difficilement et sans volonté sur la banquette arrière du véhicule ; la place avant est déjà prise, et les deux jeunes personnes m'accompagnant à l'arrière m'ont pris en sandwich des deux côtés. En chemin, tout le monde stresse. Le moniteur demande une dernière fois si personne n'a de questions à poser. Chacun pose ses questions en essayant de se convaicre qu'ils ne vont jamais l'avoir ; réaction typique de la personne qui ne veut avoir rien à regretter. Moi, comme à l'accoutumé, je m'en fous ! J'essaie désespérément de regarder dans le vide ;  ne penser à rien, pour ne pas me disperser. Les questions, toutes plus stupides les unes que les autres, s'enchainent à une vitesse phénomènale : Comment on fait ceci ? Comment on fait cela ? Dans ce cas ci, on fait quoi ? C'est quoi ce panneau ? Ca veut dire quoi ça ? J'comprend pas ? ... Puis tout s'arrête ; Ouf ! On est arrivé ! S'en suit alors d'une interminable liste d'attente ;  l'appel de l'auto-école tout d'abord, puis du placement stratégique des candidats évitant toute tricherie, puis de la mise en route du processus d'explication... Après tant d'épreuves, ils pourraient nous le donner le code !

        Une à une les questions défilent ; je ne réfléchis pas... j'appuie ! Puis encore l'attente ! Viens enfin mon nom. Je tends gentiment mon boîtier à la correctrice (ou la responsable ? Quoi qu'il en soit, c'est une bonne femme assise derrière un bureau et un ordinateur qui s'occupe des dossiers) "Vous regardez vos résultats à l'exterieur, merci" me dit-elle sèchement. Je m'exécute... j'ai raté ; j'ai fait sept fautes... deux de trop. C'est pas grave ! Je m'y attendais un peu ! Le moniteur prend note des résultats et nous dépose devant l'auto-école. Juste avant de rentrer chez moi, j'achète un ticket de loterie à gratter ; pour le symbole ! La prochaine fois, je réussirais et je pourrais enfin découvrir le montant de mes gains. La fois d'après, ça n'a pas loupé ! J'ai réussi mon examen au code et j'ai eu la très grande surprise de savoir que... je n'avais rien gagné au ticket à gratter ! Tant pis ! Ce sera pour la prochaine fois ! J'avais quand même oublié de vous dire que, lorsque j'ai raté le premier examen au code, juste après, la chanson qui passait en boucle dans ma tête n'était plus "She's got a ticket to ride" mais... "It's been a hard day's night". Coïncidences ? Signes ? En tout les cas, avouez que c'est assez marrant, non ?

        Comme je dis toujours, la vie n'est qu'un éternel recommencement. Dans le même ordre d'idées, ce qui s'est passé avec le code est quasiment superposable à l'identique sur le bac. Dans le sens où, nous sommes bientôt arrivé à échéances ; tout le monde est sur les nerfs, profs et élèves, sauf moi qui, comme à l'accoutumé, s'en fout. En réalité, sans être trop présomptueux ou éxagérément hypocrite, je m'inquiète davantage pour les personnes qui m'ont accompagné durant deux ans que de mon propre sort. Enfin bref, tout ça pour dire que les jours passent et se ressemblent tous ; en un mot, je m'ennuie ! Jusqu'à ce qu'apparaisse cette fille... elle est mignonne... elle discute tranquillement avec d'autres jeunes filles (dont, soit-dit en passant, elle vole la vedette ; car on ne voit qu'elle, tant elle dégage) C'est une magnifique blonde aux mèches un peu plus foncé. Son visage est bien dessiné ; ni trop épurée ni trop chargé. Elle a un de ses visages qui laisse transparaître un mélange de candeur enfantine et de maturité post-adolescentes dont toutes les filles ont, à cet âge là, le secret (Attention ! Je ne parle pas là des gamines de treize ans, qu'on soit bien clair !). Des yeux d'un bleux si pur que l'on pourait se noyer dedans, des jambes longilignes et un buste très... mature finissent de brosser le portrait. Au risque même d'être vulgaire, c'est fou ce qu'elle est bien roulé ! A ce moment-là, j'étais aussi en train de discuter avec un pote, Harold, lorsqu'on l'aperçu. Je plaisante avec lui... cap, pas cap ?

        A ce moment là, je n'avais pas encore en ma possession tout ces petits trucs qui vous font attirer l'attention dès les premiers instant (si vous êtes persévérant, vous les connaîtrez à un moment ou un autre). Et comme souvent, je me suis défilé ; en attendant le bon moment. Elle m'impressionait trop pour que j'aille lui parler. Alors, j'ai attendu... J'ai attendu encore un peu... et encore... un peu plus tard, elle su que je m'interressait à elle. Etant têtu comme une mule, et ayant peur de me prendre un râteau de plus, je ne voulais pas me résoudre à lui parler. Jusqu'au jour où je la croisa, avec un autre pote cette fois, Jean-Phillipe, au détour d'une boulangerie. Prenant mon courage à deux mains, je l'attendit (au cas où vous ne l'auriez pas encore remarqué, j'adore attendre !) devant la porte... Elle sortit d'une traite, sans même un regard. La seule réaction qui m'est venu fut de lever le pouce bien haut et de dire d'un air niait "Euh, salut !". Elle s'éloigna lentement. A côté de moi, JP était éclaté de rire. Je repris conscience lentement, en regardant mon pouce fixement ; je ne lève plus jamais le pouce dorénavant. Premier bash de sa part.

        J'essayais d'oublier ce souvenir pénible (quoi qu'assez drôle en fait) de ma mémoire, lorsque je me faisais relancer par Nicolas. Nicolas... que dire ? C'était un type probablement jaloux de mon apparente facilité à avoir des bons résultats sans donner l'impression de travailler. Nicolas, c'était un type qui, pour me rendre plus humain et accessible, me cherchait mille et un défaut. Mais je l'aimais bien Nicolas (comme toute personne m'ayant enrichi humainement d'ailleurs)... je crois qu'au fond c'était réciproque. Sinon, pourquoi m'aurait-il dit que "qui ne tente rien n'as rien ?" Pourquoi m'aurait-il dit ces mots : "invite la à boire un café, au pire elle te jète et puis c'est tout !" Et il avait raison Nicolas ! Alors, un jour, je l'aperçu en train de discuter avec une fille. Je l'aborda :

        - "Je peux te parler cinq minutes ?"

        - "Moi ?" dit-elle d'un air étonné

        - Sûr de moi : "Ouais !"

        Elle me répondit qu'elle finit de discuter et qu'elle était à moi dans une seconde.

        Encore une fois, j'attendis. Puis elle s'approcha, à mon écoute :

        - "Je suis désolé pour toute cette histoire mais... je suis assez maladroit pour ces choses là. Je me demandais juste si toi et moi ont pouvais faire plus ample connaissance... sortir ensemble, tout ça..."

        - "Je suis déjà avec quelqu'un depuis un an, mais si tu veux on peut toujours être copain..."

        Pfff !! La belle affaire ! Si je devais comptabiliser le nombre de filles qui m'ont dit ça, j'ai une centaine d'amies rien que dans Paris et sa banlieue ! Deuxième bash de sa part.

        La suite ? Vous voulez la connaître ? Vous avez raison, car elle est typique et amusante ! Parcequ'après m'être pris un bash, la situation s'est inversé. Depuis ce jour, à chaque fois qu'elle croisa mon regard, elle me fit un petit "coucou" avec un petit sourire nerveux en coin, presque gêné de me voir. Moi, au contraire, comme toutes les filles pour lesquelles j'avais le "bégun", une fois qu'elle me mit un bash, c'était finit, terminé ! C'est pour cela que je lui répondait d'un grand sourire sûr de moi, en la fixant droit dans les yeux.

        Enfin bref, tout cela pour dire qu'après toutes ces péripéties, j'étais toujours seul dans le noir, à la recherche de la nouvelle star... oups ! à la recherche de l'âme-soeur ! Et mes épreuves qui avançaient à grand pas...

        Et le jour tant attendu était enfin arrivé ! Les épreuves se situaient dans mon bahut, donc pas de problèmes de reconnaissance. Un mystère subsistait malgré cela. Ce mystère était qu'un nom s'était inséré sur la liste des candidats de notre classe. Ce nom était Caroline A. Il ne me disait rien au début, jusqu'à ce que je l'aperçoive... c'était bien elle... cette Caroline était la même Caroline qui était avec moi en cinquième ! Ce qui fut assez touchant était qu'elle parut contente de me voir. (comme quoi, si j'ai pu laisser un bon souvenir aux personnes qui ont, de près ou de loin, partagé ma vie, c'est le principal !) Après les habituelles questions du type : "Kesketuféla ?", elle me répondit qu'elle dû se présenter en tant que candidate libre. Et ce n'était pas pour me déplaire ! Parceque, loin de moi toutes considérations libidineuses, ELLE AVAIT BIEN GRANDI DEPUIS LA CINQUIEME !! C'est fou ce que l'on peut changer en... (bref calcul mental...) ... cinq ans ! D'une toute petite fille, un peu frêle et beaucoup "space", elle est devenu une jeune et jolie demoiselle qui, là pour le coup, me rend "space" et légèrement fébrile ! Mais, en ces temps troublé par les examens, il fallait que mon esprit se ressaississe ! C'est pour cela que l'unique invitation (qui aurait pu laisser entre-ouvrir une porte) vînt de mon poto Roger, qui l'invita à une petite fête d'après bac dans le but de décompresser. Elle refusa poliment (en même temps, elle l'a pas eu son bac !).

        Encore une fois... ce n'étais pas elle ! Encore une fois... j'attendais. Accessoirement, j'attendais aussi les résultats...

 

 

 

Can't take my eyes off you...

 

        Durant l'été, et comme durant tous les autres, lorsque je n'avais rien à faire, j'allais aider mon père dans son garage. J'attendais les résultats du bac un peu nerveusement ; et si je m'étais trompé à une question totalement idiote qui aurait foiré tout le reste ? Quoi qu'il en soit, je n'avais pas le temps d'y penser, car un autre examen approchait à grand pas lui aussi : le permis ! Depuis l'âge où j'ai commencé à avoir des souvenirs, je ne vis que pour une chose : le permis de conduire ! Ne plus avoir enfin à subir les transports en commun ! Ne plus avoir à subir les attouchements vicieux des gens lorsque le bus est bondé ! J'écris ton nom Liberté !

        Les premières heures furent plutôt plaisantes et agréables ; mon moniteur, Serge, étant plutôt sympathique et voyant ma relative facilité, me laissait faire ce que je voulais. Les seuls trucs un peu bizarre, et plutôt gênants, avec lui c'était lorsque l'on passait sur les Maréchaux de Paris (boulevard Ney, boulevard MacDonald, etc...). En effet, ces rues sont réputées pour son nombre élévé de "filles de location". Alors, lorsque vous avez un moniteur qui vous dit : "Houlà ! Elle est plus très fraîche celle-là !" ou "Approche je vois rien !" (tout cela lors des premières "leçons") c'est assez perturbant. Et puis, il aimait me poser des questions sur moi... Avec le recul, je pense que c'était pour que la conduite devienne naturelle. On peut facilement parler et marcher parceque ces deux actions sont naturelles. Marcher, par exemple, ne demande pas d'efforts particuliers de concentration (sauf peut-être pour les personnes atteintes d'un stade avancé de... comment dire... d'ivresse ?). Mais bon, je l'aimais bien Serge, surtout lorsqu'il me faisait presque piler pour laisser passer une jeune fille en fleur sur le passage piéton ! Et puis, finalement, peu avant les vacances, je l'ai eu mon permis. Et, le bac en poche, je pouvais enfin partir l'esprit tranquille ; tous mes objectifs ayant été atteints. J'aurais pu partir l'esprit tranquille si... si je ne l'avais pas rencontré...

        La première fois que je l'ai vu, je parlais tranquillement au téléphone avec un pote en face de chez moi ; je ne me doutais de rien, la vie était simple et prévisible. A cette époque, nous habitions, moi et mes parents, une petite maison à l'intérieur d'une cour, laquelle était peuplée d'autres petites habitations. Petit à petit, une certaine fraternité s'installa entre nous et nos divers voisins ; fraternité qui n'existe pas dans les immeubles où les gens ne font que passer sans se connaître. Seule une habitation restait vide cependant ; celle en face de chez nous. Depuis le jour où nous avions emménagé, c'est-à-dire environ quatres ans, je n'y avais jamais vu quelqu'un à l'interieur ; sauf ce jour-là... Ce jour-là, j'aperçus rapidement que la porte était ouverte ; je ne m'en préoccupas pas outre-mesure et continuais à parler à mon interlocuteur, tout en cherchant mes clés. C'est là que mon regard bascula de la gauche vers la droite en un instant. Mon regard se posa sur elle ; elle était magnifiquement belle. Dès cet instant, je ne me préoccupas plus de rien ; ni de mon interlocuteur, ni même de mes clés, encore moins du monde qui nous entourais, parceque je ne voyais qu'elle : la voisine idéale. Dans ma vie, je n'ai probablement rencontré que cinq belle filles au maximum ; pas des filles mignonnes, ni même canon ou plus vulgairement "bonne", mais tout simplement belle. Car ces belles filles ont quelquechose en plus par rapport aux autres : elles dégagent. Oui, elles dégagent une aura ; une force innomable et indescriptible qui font qu'elles sont hors du commun. Dans ma vie, je n'ai probablement jamais été "amoureux". Et d'ailleurs comment savoir que l'on est amoureux ?

        En effet, nous savons tous instinctivement ce qu'est la faim, la soif, le sommeil... mais l'amour ? Comment une personne censé peut-elle dire sans détour : Je suis amoureux ! En fait, n'éprouve-t-on pas qu'une simple attirance superficiel et sans saveur, bref, une relation dénuée de tout sentiment "amoureux" comme on le conçoit (voire même hypocrite). Je le pensais jusqu'à cet instant. Mais... maintenant je ne suis plus sûr de rien. Je ne suis sûr que d'une chose : c'est qu'après qu'elle aie rejoins son domicile, j'ai rejoins le mien. Machinalement, j'ai posé mes clés sur la table, et je me suis assis sur le canapé. Des actions ordinaires et habituelles mais tout était différents ; à ce moment là, j'étais sous le choc ! Après avoir lentement émergé, je repris mes esprits ; j'allumas la télé et l'ordinateur, je buvais une canette... j'essayais de ne penser à rien... pour ne pas penser à elle. Parceque je la voyais partout ; tout me faisait penser à elle...

        Et puis, après avoir longuement réfléchis, je me suis dit : "Oh Con ! Il faut que tu te ressaisisse !". Il fallait que je lui parle... après tout, c'était ma nouvelle voisine ; les raisons pour tenter une approche purement "amicales" étaient nombreuses et parfaites ! Il ne suffisait plus qu'à me jeter à l'eau. Mais comme bien souvent, un conseil est bon à donner... mais difficile à suivre (surtout lorsqu'il est donné par soi-même). Il me fallut beaucoup de temps pour ne serais-ce que lui dire un mot : "bonjour". En effet, à chaque fois, je la voyais passer. A chaque fois, elle faisait un grand sourire qui ferait fondre un iceberg tout entier (d'ailleurs, si elle avait été sur le Titanic, elle aurait été d'un grand secours ! mais bon...). A chaque fois, elle me disais avec ce sourire malicieux "bonjour !", ce à quoi je ne pouvais que répondre d'un sourire niais : "Euh...". A chaque fois, après ce bref tête à tête, je reprenais mes esprits ; et après avoir réalisé toute l'étendue du ma gaucherie, j'avais envie de me taper la tête contre un mur, de me casser la gueule, tellement j'étais stupide et lâche ! Le pire était que la situation n'était jamais assez "parfaite" ; je me répétait sans cesse : "Non, pas cette fois..." "Cette fois-ci n'est pas la bonne..." J'essayais de me persuader, comme d'autres en leur temps, que ce n'était pas de ma faute mais à cause du sort ; c'était le destin !

        Petit à petit, les seuls mots que j'arrivais encore à lui dire était "bonjour", mais très rapidement ; je ne pouvais pas soutenir une conversation de plus de deux mots parceque je n'avais pas assez de souffle ! Mon coeur battait tellement vite, trop vite, pour que je puisse être lucide. J'en revenais à ésperer ; ésperer un signe, un geste, de sa part... qui ne venais pas. Etant un grand timide dans l'âme (mais ça vous l'avez déjà sûrement remarqué), je me suis toujours demandé pourquoi c'est à nous, les "mâles", de devoir faire le premier pas lors de relations amoureuses. Surtout, qu'on ne se méprenne pas, je ne fais pas du machisme de seconde zone, seulement... Si vous êtes une fille, combien de fois avez-vous fait le premier pas lors de cette célébration, au combien cérémonieuse, qu'est la drague ? Répondez-y franchement et avec sincérité... je suis à peu près persuadé que seule quinze pour cent des femmes abordent autant que les hommes. Parceque inconsciamment, dans notre esprit, ça reste au garçon de faire ce premier pas. Un jour, j'ai entendu dire d'une jeune fille qu'il fallait que les hommes se bougent... mais pourquoi toujours eux ? On se moquent de technique de drague pas assez inventive et trop "lourde" mais je voudrais bien vous y voir les filles !

        Mais revenons à nos moutons ! J'attendais, j'attendais... et ne voyant rien venir, j'espérait secrètement qu'on se rencontre en dehors de nos habitation respectives ; que l'on soit seul à seul, face à face, durant un laps de temps suffisamment long pour que je puisse, enfin, vraiment lui parler. C'est là qu'est survenu la chose la plus improbable qui soit ! J'ai été surpris, et c'est bien ! Car j'aime surprendre... et être surpris...

 

 

 

En apesanteur... dans le bus.

 

        Mine de rien, la vie continuais son long fleuve tranquille ; je partais en vacance en n'ayant qu'une chose en tête : "ma douce". Je la voyais à chaque recoins de rue ; je scrutais l'horizon pour voir si elle n'était pas là : pour la "trouver". Mais je ne la trouvais jamais... ja passais donc l'été le plus triste de ma vie ; partagé entre les visites aux copains et à la famille et aux sorties, toutes plus drôles les unes que les autres... mais je n'étais pas avec celle avec qui j'aurais voulu être. En fait, cet été fut marqué par une chose un peu moins ordinaire qu'à l'accoutumé : l'arrivé d'un nouveau membre de ma famille.

        Lorsque j'avais cinq ans, je voulais un chien. Comme dès le plus jeune âge, j'ai toujours su ce que je voulais (tout du moins dans certains domaines), je ne voulais pas n'importe quel chien, mais un husky sibérien ! Un chien comme dans "Crocs-blancs", un chien-loup qui aurait une préstance et un charisme hors du commun. Treize ans ont passé depuis cette époque, et mes priorités étaient tout autres ; un chien, c'est amusant, mais c'est trop de travail et de responsabilités pour une seule personne. C'est pour cela que, lorsque mes parents furent attendris par une jeune chienne qui aimait à gambader dans notre jardin, je fus assez dubitatif quant à l'idée d'en adopter un. Parceque, quoi que mes parents pouvaient dire, je savais très bien que j'aurais l'entière charge de ce chien. L'idée donc ne m'enchantais guère, et puis j'ai réfléchis... un chien tout petit, tout mignon, tout beau... ça attire les filles ça ! Alors je me suis dit : ta voisine, elle va se dire : "Tiens ! Un petit chien ! Comme il est mignon !" Là, j'en aurais profité qu'elle s'en approche pour pouvoir lui rétorquer : "Il n'est pas aussi mignon que vous..." C'est alors que nous prîmes la decision de prendre ce chien... sûr de mon coup ! A l'interieur de moi, un rire diabolique résonnait dans ma tête. Je retournais donc de vacances l'esprit décidé et téméraire... avec pour unique but de conquérir le coeur de "ma douce" !

        Ce fut un echec ! Car la seule réaction que j'eu fut celle de la petite soeur : une gamine de treize ans.... "Et ça mange quoi ?", "Comment qu'il s'appelle ?"; "Il est beau !" etc... Toutes ces questions me laissèrent dubitatif et perplexe. En effet, ce fut la première fois qu'elle m'adressa la parole. Le plus troublant encore fut qu'elle faisait à chacun de ses passsages un sourire malicieux au chien encore tout frais en signe de "bonjour", et moi.... rien. Alors ce n'est pas que ma seule préoccupation dans la vie est d'être saluer ; personellement, je préfère l'indifférence totale, franc et "sincère", qu'un "bonjour" hypocrite, mais quand même... avoir moins de considération qu'un chien... D'ailleurs, parlons-en du "bonjour". Ce mot ne signifie-t-il pas "bon"-"jour"; or qui souhaite réellement un jour bon à quelqu'un ? Cela me fait rire lorsque les gens utilisent des phrases toutes faites, "passe-partout", qui ne les utilisent juste histoire de. Alors que nous devrions voir les choses avec profondeur, plus que jamais, l'être a cedé sa place au paraître. Et c'est bien dommage ! Oublions toutes ces idées reçues qui ne nous font pas avancer ! Alors, certes, c'est vrai qu'il est plus facile de ne pas faire un travail de fond, d'analyse de la situation. Il est facile de se laisser "guider"; de se laisser dicter une conduite, un mode de vie, une manière de penser. Mais qui suis-je pour juger ?

        Quoi qu'il en soit, la vie continuait et j'entra vite à l'université ; un univers totalement inconnu : terrifiant et excitant à la fois. Dans le même temps, ma grand-mère tomba gravement malade. Elle fut admise à l'hôpital pour y recevoir les soins necessaires. Etant très fragile des os, elle souffrait d'une douleur chronique à la hanche. Nous allions la voir tous les dimanches en famille, et nous avions tous bon espoir de guérison. Quant à moi, je préférais les mecredis après-midi, reservant mes week-ends à des activités plus distrayantes. Mon trajet était des plus précis et traditionnel. Je prenais un peu à contre coeur le bus parceque, n'ayant mon permis que depuis quelques semaines et ne connaissant que très modérément le trajet, je préférait ne pas tenter les mauvais esprits. C'est un jour comme un autre, alors que j'étais dans le bus, que mon esprit s'évada vers des cieux plus clément ; un univers dans lequel je vivais heureux et sans soucis avec "ma douce". Je nous voyais, parmi les nuages, sous un ciel couchant couleur vanille, main dans la main, ne pensant plus à rien, avec la chanson des Monkees "Porpoise song" en fond sonore. Je baissa les yeux, souriant et mélancolique. Je me demandais à cet instant la probabilité qu'elle soit là, attendant au prochain arrêt. Inconsciamment, je scrutais alors l'horizon dans le but non avouée était soit, par miracle mais fort peu probable, de découvrir "ma douce" soit de découvrir une autre jeune fille en fleur agréable à regarder.

        C'est là que, stupéfait, je la vis ! elle ! L'occasion rêvé ! Enfin un peu de temps en tête à tête durant lequel je pourrais tenter une approche ! Tout alla très vite ; tout de suite, je mis en place une stratégie : pour monter, elle devait forcément passer par l'avant du bus, or je me situait debout, en milieu de bus, juste avant la porte de sortie, le regard droit devant l'arrière du véhicule. Dans ces conditions, aucunes possibilités pour elle de croiser "nonchalamment" mon regard et ainsi me reconnaître. C'est pour cette raison que je me retourna vers la porte avant, l'attendant en prenant la pose. Mais je ne la vis pas arriver... elle entra par la porte arrière et elle était juste derrière moi la diablesse ! Damned ! Mais je ne me laissa pas abattre pour autant ; dès que le bus fut partit, je prit l'air étonné et fit un regard furtif par dessus mon épaule dans le but d'engendrer la situation suivante : je me retourne, mon regard croise le sien, et la discution s'engage. Au lieu de ça, mon mouvement fut tellement rapide qu'elle cru que je lui signalais qu'elle s'appuiais à moi, ne me reconnaissant pas, et me répondant par un petit "désolé" sans grande conviction.

        Or il fallait que j'agisse ! Car bientôt nous arriverions à destination et, pire même, elle pourrait descendre avant ! Dans un élan incensé, désespéré et inconscient, je me retourna complètement d'une traite. Elle regardais droit devant elle la porte du bus ; moi, perpendiculairement à elle, je regardais mes chaussures, n'osant lui parler ni même la regarder. De plus, ses longs cheveux noir lui cachait ma vue. De temps à autre, j'osais à peine lever les yeux. C'est au bout de la deuxième ou troisième fois que son regard croisa le mien. Elle me reconnaissa tout de suite, ne disant aucun mot, ne faisant aucun geste si ce n'est ce grand et merveilleux sourire qui lui va si bien (d'ailleurs, en passant, j'espère de tout coeur que vous aurez l'occasion, un jour, de voir pareil sourire) Je compris de suite et lui fit signe de la tête. C'est alors que le bus se remplit d'un coup, me laissant là, seul à seul, corps à corps et l'un en face de l'autre, avec "ma douce" !

        C'est alors que mon coeur se mit à battre la chamade ; à palpiter si vite que je cru qu'il allait éclater à tout instant. Mais j'essaiais de résister à ce désir si fort, si puissant et incontrôlable de me laisser tomber dans ses bras. Cette résistance s'ajouta à la tentative hardiesse au possible de ne point la toucher et, ainsi, ne pas passer pour un pervers vicieux profitant de l'occasion. Mais les à coups et les virages que prenait le bus étaient trop fort. A quelques moments d'intense émotions, je sentit sa poitrine s'appuyer légèrement contre moi, qui restait difficilement, mais complètement, stoïque. Mais rapidement, les effluves magiques et odorantes que laissait échapper sa tête, ses bras, son buste... son corps tout entier ! m'entraîna dans un profond rêve éveillé. Mais je n'osait respirer, je n'osait tousser, éternuer, ni même faire un geste... et le combat contre mes pulsions se fit de plus en plus rude. Tellement rude que je cru ne pas pouvoir résister lorsque le bus arriva au bout de cette périlleuse, mais fantastique, aventure. Ce jour-là, nous ne nous sommes pas adressé un mot, pas même ce fameux "bonjour", mais pour moi je n'aurais jamais pu être aussi proche d'elle qu'à cet instant. J'aurais voulu que nous soyons seuls, elle et moi, mais, finalement, le simple fait que le bus soit bondé a bien arrangé les choses ; comme quoi, dans la vie, rien ne se passe comme prévu.

 

 

 

Nice dream.

 

 

 

Et un jour une femme...

 

 

 

Loosing my religion.

 

 

 

It's a miracle !

 

 

 

If you ever need holding...

 

 

 

        Inspirations musicales : Jackson Browne "Sky blue and black" - Frankie Valli "Can't take my eyes off you" - Calogero "En apesanteur" - Radiohead "Nice dream" - Florent Pagny "Et un jour une femme" - R.E.M "Losing my religion" - Josh Rouse "Miracle"

 

 

 

 


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